Biplace avec Stef – Traversée de la plaine 2024

Le vol de 100km

Le vol

5h30, le réveil sonne. Il pleut légèrement dehors. Je regarde l’animation radar de meteo suisse et les prévisions annoncent qu’il y a quelques cellules de pluie en Valais jusqu’à 10h. Je laisse tomber le plan initial qui était de voler à Fiesch.

Je cherche une alternative. Le Jura et la plaine sont annoncés fumants. Avec le vent annoncé, les faces Nord-Ouest en thermodynamique fonctionneront bien et le vent sera bien orienté pour voler sur le Plateau.

Je songe au Suchet, mais pour le moment il y a encore 20 à 39km/h en rafale. Ça devrait baisser – j’y crois.

5h45, j’écris à Stefanie: « Toujours envie d’un biplace ? ». J’attends sa réponse, excitée de faire un vol de distance avec elle.

1h30 plus tard, elle répond : « Gooooooo ! « .

Messages aux copains, organisation du taxi depuis Yverdon, préparation du matériel et c’est parti !

Quand nous arrivons au décollage, le vent est parfait. Des cumulus décorent le ciel. Une dizaine de pilotes se trouve au sommet. Nous patientons un peu et discutons des lignes de vols. Notre plan est d’aller au Mont Aubert, revenir et traverser la plaine.

Stefanie dans son cocon, les tuyaux pour le pipi branchés, le pique-nique dans la poche, nous décollons en premier. Nous faisons des allers-retours en thermodynamique et quelques minutes plus tard, nous voilà sous le nuage. Nous survolons les Aiguilles de Baulmes mais n’arrivons pas à raccrocher le Chasseron. Nous posons à Sainte-Croix car nous arrivons hors cycle sous les prochains nuages. Zut alors ! Deux autres copains posent au même endroit. Stef, motivée, est prête à remonter sur un autre décollage que je lui propose.

Avant même de plier la voile, j’essaie de trouver un taxi pour nous 4. Malheureusement il n’y en a pas ici. Mais… surprise ! Une dame âgée promenant son chien nous propose de nous y amener ! Cependant, nous sommes 4 et sa voiture est petite. Au loin, nous apercevons Niel, un des pilotes qui a posé dans le champ à côté, en train de discuter avec deux personnes. Nous attendons l’autre pilote, Michael, qui termine de plier sa voile et retrouvons Niel. Le couple avec qui il tient une discussion sont les voisins de la promeneuse. Ils nous proposent de nous emmener également. C’est incroyable, quelle chance !!

Nous nous laissons conduire au petit télésiège de la Robella. 1 par 1 avec notre parapente, nous montons sur ce télésiège 2 places qui avance trop lentement par rapport à mon impatience à retourner en l’air. Arrivés en haut, nous devons marcher 15 minutes dans une pente raide pour rejoindre le décollage. Je regarde l’heure, c’est bientôt 15h. Il reste encore assez de temps pour traverser la plaine. Rapidement nous sommes en l’air et faisons le plafond. Cumulus party !! L’idée est de voler en direction du Suchet afin de contourner l’aérodrome d’Yverdon. Mais les nuages sont si beaux que je propose à Stef de survoler l’espace aérien. Nous partons sur la plaine, suivies de Niel et Michael au loin.

Nous nous laissons pousser par le vent avec 500m de marge, sous une belle rue de nuages. Stef tient le téléphone en hauteur afin que je puisse regarder xctrack. Je dois absolument installer un cockpit sur la sellette du passager !

Un beau thermique juste après avoir commencé à survoler l’espace aérien, un beau thermique nous permet de le passer avec facilité ! Un avion vient de larguer des parachutistes au-dessus de l’aérodrome. C’est impressionnant de les voir descendre et de s’imaginer qu’il pourrait y en avoir au-dessus de nous.

Ma super copilote se prend totalement au jeu du cross et analyse avec perfection les différents nuages qui sont sur notre chemin. Nous discutons des différentes lignes possibles et chaque nuage nous offre un excellent thermique. Poussées par le vent, nous avons une vitesse moyenne de 25km/h. Les yeux pétillants, le grand sourire sur le visage, nous nous laissons dériver sur cette magnifique plaine.

Les Pléiades en vue, je réalise que nous allons y arriver. Mais Stef me dit « Il faut pas relâcher notre concentration maintenant, c’est pas encore gagné ! ». Elle a raison.

Un deltiste nous montre le dernier thermique à enrouler avant d’arriver aux Pléiades. Nous enroulons avec lui et chaque tour que nous faisons nous rapproche de plus en plus du but.

Trop beau ! Nous avons réussi la traversée ! Nous sommes trop heureuses et crions de joie ! C’est 17 heures et nous arrivons au-dessus des Pléiades. Nous trouvons rapidement un thermique teigneux dérivé par le vent qui nous monte 1000 mètres plus haut que le déco. Je demande à Stef ce qu’elle aimerait faire : « Tu veux continuer ou on va poser ? ».

Stef me répond : « Tant que c’est bon on continue ! ». Quelle endurance. Elle n’a qu’un short et une petite veste dans son cocon, et je soupçonne qu’elle a froid, même si elle nie. Stef se positionne dans chaque thermique comme si c’est elle qui pilotait. Elle se concentre sur les sensations et observe les nuages durant l’ascension.

Nous continuons notre chemin, guidées par le vent, les nuages et la lumière magique du soir. Nous n’avons pas de plan, nous verrons au fur et à mesure où les thermiques nous mèneront. Avec l’altitude que nous avons gagnée aux Pléiades, nous survolons le Folly et arrivons directement sur la chaine des Verraux, la frontière naturelle entre les cantons de Vaud et de Fribourg. Tout est à l’ombre au-dessus de la crête. Nous optons pour un joli nuage qui se forme au soleil à l’écart de la crête. Le vent a tourné Nord. A 2500m, nous entamons la grande transition de la vallée de l’Entyamon.

Durant la transition, nous bougeons nos jambes car nos muscles tirent. Je trouve une meilleure position pour le cocon de Stef et coince l’arrière de son cocon sous ma ventrale. Stef est mieux installée et ses jambes sont moins sous tension.

Nous trouvons assez rapidement un thermique en-dessous des Millets. On décide alors de raccrocher la crête des Vanils. Plus on avance, plus le vol devient magique. La masse d’air est très douce et ça monte facilement le long du relief. On chemine, même pas besoin d’enrouler. Les contrastes entre l’ombre des nuages et la lumière de fin de journée rendent les paysages encore plus sublimes.

Nous voyons au loin les Gastlosen au soleil. Il n’y a plus de nuages là-bas, mais leur verticalité digne des Dolomites nous donne envie d’y aller. Nous cheminons facilement devant ces rochers calcaires gris clairs et sommes émerveillées de leur beauté. Nous arrivons au bout des Gastlosen après 18h et les thermiques deviennent de plus en plus faibles. Nous apercevons le lac de Thoune au loin ! L’ombre sur notre chemin et nous oblige à terminer notre vol avec un long glide dans la vallée du Simmental.

J’essaie de bouger mes pieds mais ils sont trop froids et endormis. Je réalise que je ne vais pas réussir à atterrir debout. J’annonce à Stef que l’on va devoir poser sur les fesses. Posées sur un grand terrain facile proche d’une route, nous nous prenons dans les bras et rigolons comme des enfants. Quel vol incroyable !!

Après avoir rangé les affaires, on décide de rentrer en stop à la maison. Google annonce 1h15 en voiture. C’est bien plus rapide qu’avec le train. En 1h30 et 3 voitures nous arrivons à Vevey et retrouvons nos copains pour prendre l’apéro et fêter cette magnifique journée de vol. Un grand merci à Stef pour son endurance, son implication durant le vol et sa belle énergie.

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